Pêcher du mieux qu’on peut

Un approvisionnement responsable pour une pêche la moins impactante possible

Depuis la fin du XXe siècle, les Nations Unies et les experts scientifiques alertent l’humanité sur l’appauvrissement du milieu marin, la perte en biomasse halieutique et le réchauffement des océans. Aujourd’hui, ces préoccupations environnementales nous concernent tous. L’enjeu est de préserver l’écosystème marin, mais aussi de pouvoir répondre aux besoins alimentaires d’une population mondiale grandissante, qui devrait atteindre près de 10 milliards d’individus en 2050 (*).

Viser une pêche davantage respectueuse et durable incarne un véritable défi collectif, essentiel à la survie non seulement de la faune et de la flore marines, mais aussi à celle des Hommes.

Confrontés à des enjeux grandissants, les gouvernements ont commencé à agir. La FAO a divisé les mers en zones de pêche à l’international et édicté un Code de Conduite pour une pêche responsable (**), l’Union européenne a mis en œuvre la Politique Commune de Pêche au niveau communautaire (**), l’Etat finance l’institut public de recherche Ifremer en France (**).

En ce sens, la belle-iloise mène elle aussi une profonde réflexion sur les actions qu’elle peut mener pour participer aux efforts collectifs.

Bien que nous ne soyons ni pêcheurs, ni scientifiques, nous sommes conscients du rôle qui nous incombe au sein de ce défi planétaire. Le poisson est notre principale matière première et même si nous ne faisons que l’acheter à autrui, nous pouvons et devons faire notre part afin d’assurer un approvisionnement responsable et garantir la bonne qualité de nos achats.

Premièrement, en effectuant une veille rigoureuse sur les derniers avis scientifiques et nouvelles publications institutionnelles concernant la pêche, qui influent directement notre politique d’achats (***).
Deuxièmement, en choisissant soigneusement les pêcheurs-partenaires avec lesquels nous travaillons et souhaitons entretenir une relation de proximité et de confiance.
Troisièmement, en étant agiles, c’est-à-dire en adaptant constamment notre fabrication de conserves en fonction des arrivages de poisson.

Nous ne prenons que le poisson nécessaire, là où il n’est pas menacé.

Les associations environnementales telles que WWF et Greenpeace appellent à être particulièrement attentifs aux méthodes et matériels que les pêcheurs emploient, à la zone où le poisson est pêché, ainsi qu’au respect de la saisonnalité des espèces et des quotas officiels (quantités de poissons disponibles à la pêche).

Pour la belle-iloise, cela se traduit concrètement par les actions suivantes :

Nous choisissons les pêcheurs et fournisseurs qui utilisent les méthodes de pêche les moins impactantes possibles. Par exemple, pour notre thon blanc germon, nous sommes très vigilants sur le fait que la pêche se fasse sans DCP (Dispositif sonore de Concentration de Poissons). Nous privilégions aussi la pêche à la canne pour le thon, comme préconisé par les recommandations scientifiques de l’ISSF (****).
Très attentifs à l’état des stocks des diverses espèces dans les différentes zones de pêche, nous fixons des règles d’achat très précises : les poissons doivent être pêchés à maturité, hors période de reproduction. Ainsi, la belle-iloise s’interdit d’acheter des thons blanc germon en-dessous de 8kg, considérés comme juvéniles par l’ISSF (****) : ils ne se sont pas encore reproduits. Or le code d’usage de la pêche calibre le thon en 3 catégories : de 0 à 4kg, de 4 à 7kg et de 7kg à plus. C’est une initiative volontaire de la part de la belle-iloise d’augmenter l’exigence à 8kg. Nous sommes un des rares acheteurs à nous être fixé cette règle d’achat, qui nous différencie dans le souci d’aller vers une pêche la plus respectueuse et durable possible.
Nous achetons juste ce dont nous avons besoin et au plus proche de nous. En fonction des ressources halieutiques et des méthodes de pêche employées, nos poissons proviennent en priorité des eaux bretonnes, puis par extension de l’Atlantique Nord Est (Zone FAO27) ou de l’Atlantique Sud Est (Zone FAO47), avant de nous diriger vers d’autres mers en fonction de l’espèce et de la qualité visée.

En 2021, 75 % de nos sardines ont été pêchées en Bretagne dont 35% en Baie de Quiberon, au plus proche de nos ateliers de production. Le quart restant a été pêché dans le Golfe de Gascogne le long de la Loire-Atlantique, ou dans la Manche.

Respecter les règles communautaires et les avis scientifiques, fixer des critères de sélectivité et de durabilité aux processus de pêche et à nos achats, c’est la pierre angulaire pour espérer atteindre ensemble une gestion pérenne de la mer et de ses ressources. Et à terme, renverser la tendance.

L’unique certitude à ce stade est que la mise en commun des efforts, fournis par tous les acteurs de la filière pêche, contribuera à ralentir le mouvement de raréfaction des espèces et concourra à réduire la dégradation de l’habitat marin.

Pour aller plus loin

Sources :

(*) Le rapport Perspectives de la population dans le Monde 2019 est le 26e et dernier rapport établi par l’ONU (Organisation des Nations Unies) sur la croissance démographique passée et estimée à l’avenir. Il stipule que nous serons 2 milliards de plus d’ici 2050, soit 9 735 034 000 individus sur Terre, près de 4 fois plus qu’en 1950 quand l’humanité comptait 2 536 431 000 personnes. Cette croissance démographique exponentielle, et les changements dans la répartition de la population entre les différents pays, entraînera des répercussions directes sur la mise en œuvre des Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU, décidés au niveau mondial en 2015 par les gouvernements et la société civile pour améliorer la qualité de vie sur Terre.

(**) Créée en 1945, la FAO, Food and Agriculture Organization, est un organisme des Nations Unies chargé de l’alimentation et l’agriculture, spécialisé dans l’aide au développement et l’amélioration du niveau de vie, de l’état nutritionnel et de la productivité agricole dans le Monde. En 1995, la FAO a adopté un Code de conduite pour une pêche responsable qui établi des normes internationales de comportement pour les gouvernements et les acteurs de la filière pêche afin de promouvoir des pratiques responsables d’approvisionnement et de gestion des ressources halieutiques.

Lancée en 1983, la Politique Commune de Pêche est une politique de l‘Union européenne qui concerne 22 États membres de l’Union (les 5 autres États n’ayant pas d’accès direct à la mer), dont l’objectif est de réguler les usages du patrimoine commun que constituent l’environnement marin et ses stocks halieutiques. Révisée en 2002, son objectif était alors essentiellement d’assurer la pérennité économique des pêcheries en garantissant des emplois et revenus stables aux pêcheurs. En 2013, l’UE décide de la mise en place d’une nouvelle PCP, plus axée sur durabilité environnementale de la pêche et de l’aquaculture.

Fondé en 1984 par l’Etat, l’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer, IFREMER, est un établissement public relevant de l’autorité du Ministère de la Transition écologique et du Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’innovation. Les recherches et études des experts scientifiques qui le composent permettent de mieux connaître la Mer, sa faune et sa flore, afin de permettre une exploitation durable de ses ressources.

(***) En tant que conserverie actrice du secteur agroalimentaire, la belle-iloise suit attentivement et rigoureusement les recommandations du Conseil international pour l’exploration de la Mer (CIEM), aussi relayées par l’organisation nationale CITTPPM (Confédération des industries de traitement des produits des pêches maritimes).

(****) La Fondation internationale pour la durabilité des produits de la mer, l’ISSF (International Seafood Sustainability Foundation), a été créée en 2009 à but non lucratif pour être l’intermédiaire international entre les acteurs de l’industrie du thon, les scientifiques et WWF. Elle fournit aux différentes parties prenantes de la filière pêche des recommandations scientifiques pour aider les associations environnementales à promouvoir une pêche au thon plus respectueuse de l’écosystème marin et combattre la pêche illégale non réglementée. L’ISSF préconise notamment de privilégier la pèche à la canne pour le thon : c’est-à-dire que chaque thon doit être pêché individuellement à la ligne.

L’ISSF considère qu’un thon blanc germon (Thunnus alalunga) n’est mature qu’à partir de 8kg pour une taille minimum de 75cm. C’est un poids qu’il n’atteint qu’à partir de l’âge de 2 ans, âge auquel il se sera déjà reproduit une fois, soit au moins une ponte d’un million d’œuf pour la femelle. La relève générationnelle est assurée, la pêche est donc possible.